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Enfant parentalisé / Adultisme : quand les enfants portent les valises de leurs parents

Date de publication : 16/05/2025

Enfant parentalisé / Adultisme : quand les enfants portent les valises de leurs parents

Parler d’adultisme ou d'enfant parentalisé, c’est nommer une inversion silencieuse des rôles familiaux.

Celle où l’enfant, au lieu d’être accompagné, se retrouve à devoir accompagner l’adulte.
Non par choix, mais par nécessité. Pour survivre, pour maintenir l’équilibre du foyer, ou simplement pour ne pas perdre complètement l’amour d’un parent en souffrance.

Quand l’enfant devient parent

Maria a 20 ans. Étudiante brillante en médecine, elle donne l’image d’une jeune adulte forte, responsable, autonome mais son histoire révèle un tout autre récit, celui d’une enfant parentalisée.
À 6 ans, son père quitte le foyer, sa mère, incapable de faire face, s’effondre dans la dépression. Maria prend alors le relais en s’occupant de sa mère et en prenant en charge les tâches quotidiennes.
Ni remerciée, ni reconnue pour ce qu’elle traverse, elle développe une personnalité façonnée par le devoir, la retenue, l’auto-sacrifice, elle ne sait pas demander de l’aide. Elle ne sait plus, non plus, comment être une enfant.

Cette dynamique, nommée parentification, s’inscrit dans ce que Boris Cyrulnik qualifie d’adultisme. Un phénomène où l’enfant endosse des responsabilités qui ne sont pas les siennes, souvent dans le silence et l’invisibilité.

Une maturité apparente… et trompeuse

Ces enfants donnent l’impression d’être précoces, matures, organisés. On les admire pour leur intelligence, leur sens du devoir, leur empathie.
Mais cette “maturité” est une stratégie de survie, non un signe de développement harmonieux.
Sous cette façade, il y a souvent une grande solitude, une confusion identitaire, une blessure d’attachement.

Et quand les parents se battent ?

Un enfant qui grandit dans un climat de violence conjugale est exposé à un niveau de stress extrême.
Même s’il n’est pas directement touché, le simple fait d’être témoin répété de violences (verbales ou physiques) est reconnu comme une forme de maltraitance psychologique.
Dans ces situations, l’enfant peut devenir parentifié, notamment lorsqu’il tente de calmer les tensions, de jouer les médiateurs entre ses parents ; protège un parent victime ou le console après une scène de violence ; devient le confident d’un parent ("Tu es le seul à me comprendre", "Tu es mon soutien") ; prend en charge ses frères et sœurs pour "compenser" le chaos ambiant.

Ce glissement de rôle se fait souvent sans qu’on s’en aperçoive.

Ce mécanisme s'installe durablement l’enfant dans une fonction d’adulte. Il ne peut plus être vulnérable, insouciant ou simplement… un enfant.

Dans ce contexte, la parentification est une stratégie de survie face à un environnement imprévisible et dangereux. Mais elle laisse des traces profondes : angoisse, culpabilité, hypervigilance, difficulté à se construire un espace à soi.

Dans les familles marquées par des troubles psychiques, des addictions, des traumas non digérés, ou une pauvreté affective, l’enfant devient parfois l’unique soutien de l’adulte. Il fait les courses, prend soin du parent malade, règle les factures, cache les dysfonctionnements familiaux. Il devient l’"ange gardien" d’un système qui repose sur ses épaules trop petites.

Une forme d’abus méconnu

Bien sûr, il est sain qu’un enfant participe à la vie familiale. Mais la parentification devient problématique quand :

- le rôle de l’enfant est disproportionné par rapport à son âge ;
- il n’y a ni reconnaissance ni compensation ;
- l’enfant ne peut plus se ressourcer, jouer, être vulnérable.


Il s’agit alors d’un abus émotionnel invisible, qui peut engendrer à long terme une anxiété chronique, troubles de l’attachement, difficulté à poser des limites, surinvestissement relationnel, confusion entre amour et sacrifice.

Héritages transgénérationnels

Selon Ivan Boszormenyi-Nagy, psychiatre et thérapeute familial, les familles transmettent des dettes et des mérites invisibles d’une génération à l’autre. Lorsque des parents n’ont pas été eux-mêmes protégés ou reconnus dans leur enfance, ils peuvent, sans en avoir conscience, reproduire une forme de négligence ou d’exploitation émotionnelle.

Certains, absorbés par leurs propres douleurs, placent la réparation de leur vécu au-dessus des besoins de leurs enfants. Ces derniers, pris dans un double lien (protéger le parent ou exister pour eux-mêmes), finissent souvent par se sacrifier.

L’adulte en devenir : entre loyauté et reconstruction

À l’adolescence ou à l’âge adulte, les enfants parentifiés peuvent peu à peu se libérer de cette emprise. À condition de croiser sur leur chemin des personnes solides, bienveillantes, capables de leur offrir un regard différent, une reconnaissance inconditionnelle, et un espace pour être plutôt que faire.

Ce chemin demande souvent un accompagnement thérapeutique pour :

- sortir de la culpabilité ;
- reconstruire l’image de soi ;
- développer un attachement plus sécure ;
- oser dire non, demander de l’aide, poser des limites.

Redonner à l’enfant sa juste place

Un enfant n’a pas besoin d’un rôle à jouer.
Il a besoin d’un adulte présent, stable, cohérent.
Un enfant n’a pas à porter les valises émotionnelles de ses parents.
Il mérite d’être aimé pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il apporte.

Reconnaître l’adultisme, c’est déjà le début de la réparation.

Références : Claude Seron et Joëlle Delvaux, Quand les enfants portent les valises de leurs parents. Boris Cyrulnik, neuropsychiatre . Ivan Boszormenyi-Nagy, psychiatre et thérapeute familial
Sandy Surace Domenech / www.sandy-psy.fr

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